Un médecin qui soigne chaque jour sur un trottoir dans une rue de Calcutta.
Cela aurait pu être une jolie et enrichissante rencontre… ce fut percutant et cela changea ma vie. Mais surtout je suis devenu photographe pour lui, grâce à lui !
Jamais je n’aurais imaginé que ce matin de novembre 1987 allait marquer le début de la rencontre de ma vie. Jamais je n’aurais imaginé que cet homme sur son trottoir allait révolutionner ma vision, mon regard et me permettre de trouver ma route. Bien sûr, 56 voyages en Inde plus tard, tout semble évident. A l’époque j’ignorais encore combien cette ville incroyable et déroutante allait durant tant d’années me triturer l’âme et le corps. Mes photographies devenaient prétexte à l’échange, une autre forme de langage. Je ne prenais plus de photos pour raconter une histoire mais pour mieux y participer. Médecine ou photographie, tout n’est que chemin pour aller à la rencontre de l’autre.
Jack a permis à ma sensibilité de parler de l’essentiel, de ce que je croyais et crois toujours juste.
Dire que nos destins sont aujourd’hui liés est presque un euphémisme tant ce que nous vivons depuis 32 ans est devenu fort, insondable, imprévu.
L’homme, encore plus que le médecin, déteste se mettre en avant ou en lumière. Finalement j’ai quelques dizaines de photos de lui malgré les années passées à ses côtés ou justement à cause d’elles.
L’irréductible Dr Jack peine à composer avec son Image, il la fuit sans cesse! Il n’ose pas se retourner sur lui de peur de vaciller, de peur de regretter . Ma présence à ses côtés fut un étrange rapport entre mon engagement à soigner, à aider et mon obligation morale tout d’abord puis photographique de le faire connaître.
Jusqu’à cette dernière journée passée à ses côtés dans le bidonville du canal Nord de Calcutta, il est resté un rebelle à l’image.
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